Interview avec Tristan BIGEY ancien infirmier et aide soignant

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Nous avons eu le plaisir d’interviewer Monsieur Tristan BIGEY, ancien infirmier et aide soignant. Cette interview est l’occasion pour nous d’en connaître un plus sur sa vision des personnes à mobilité réduite.

 

  1. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
    Je suis Tristan, 30 ans, ancien infirmier et aide soignant, j’ai travaillé auprès de différents publics lors de ma carrière de soignant, notamment des personnes en situation de handicap physique et psychique.

 

  1. Dans quel cadre avez-vous déjà travaillé avec des personnes à mobilité réduite ?
    J’ai travaillé avec des personnes à mobilité dans de multiples services et établissements.
    Tout d’abord auprès de personnes âgées dépendantes où les difficultés de mobilités et de motricité sont très fréquentes, j’ai aussi exercé en Maison d’Accueil Spécialisées avec des personnes ayant des pathologies dégénératives tels que Sclérose en Plaques ou maladie de Charcot, enfin entre 2015 et 2018 j’ai exercé uniquement dans le domaine du polyhandicap.
    Lors de mes études j’ai par ailleurs travaillé en tant qu’aide soignant en accompagnant  3 personnes en situation de Handicap en vacances à la montagne pour une durée de 3 semaines.

 

  1. En quoi consiste votre travail ? Et quelles ont été les difficultés que vous avez rencontré ?
    Le travail est différent en fonction du poste, du public ainsi que des situations mais comprend notamment :
    – Prodiguer les soins de bien-être et de confort
    -L’accompagnement dans les gestes du quotidien (hygiène, repas, activités)
    -Les soins médicaux (administration de thérapeutiques, nutrition par sonde, pansements, sondages urinaires, aspirations)
    -Surveiller l’état général des patients ou résidents
    -Renforcement ou préservation de l’autonomie en fonction de l’âge ou de la pathologie.

 

  1. Pourquoi avez-vous choisi cette orientation professionnelle ?
    Le Handicap est un domaine majoritairement associatif avec des familles présentes et des salariés et bénévoles impliqués, les conditions de travail sont souvent meilleures qu’à l’hôpital, en clinique et surtout qu’en EHPAD.

 

  1. Pensez-vous que dans le milieu médical les personnes à mobilité réduite sont délaissés ?
    Absolument pas, je pense qu’il ne faut pas confondre PMR et handicap.
    Un sportif de 20 ans subissant une réfection ligamentaire au genou deviendra une PMR durant quelques jours après son hospitalisation, idem pour un patient subissant une greffe de foie par exemple. Le milieu médical est par nature organisé autour des PMR.
    Les personnes délaissées sont principalement celles souffrant de troubles psychiques ou ayant des difficultés à communiquer verbalement.
    Les PMR sont bien plus délaissés dans la société civile que dans le milieu médical.

 

  1. Quelle vision avez-vous des associations pour les personnes à mobilité réduite ?
    Cela dépend de l’objet des associations ainsi que du profil des personnes à mobilité réduite, il existe dans le Handicap d’énormes associations régionales qui sont en première ligne et font un travail indispensable comme L’ADAPEI en alsace, L’ARI dans les bouches du Rhônes ou l’AGAPEI en Occitanie, elles ont des budgets de plusieurs centaines de millions d’euros et emploient plusieurs milliers de salariés. En revanche, elles ne se concentrent pas uniquement sur les PMR mais sur la prise en charge du Handicap au sens large.

 

L’association Roulettes et Voyages s’est engagée depuis quelques années dans une démarche de sensibilisation et de mobilisation des professionnels du tourisme en faveur de l’intégration des personnes handicapées (personnes à mobilité réduite) et de l’accessibilité pour tous.

  1. Roulettes & Voyages défend une conception de voyage basée sur la mobilité des personnes à mobilité réduite. Qu’en pensez-vous ?
    C’est une initiative importante, il y a une prise de conscience depuis plusieurs années autour de l’accessibilité mais il reste toujours énormément à faire. Le problème provient souvent du coût des travaux d’aménagement. Peut-être que des partenariats avec des professionnels du tourisme permettraient à la fois d’améliorer l’accessibilité et d’attirer une nouvelle clientèle.
  2. Selon vous, quelles sont les valeurs ajoutées d’un tel projet ?
    Cela dépend de ce que l’on entend par valeurs ajoutées, si l’on parle au niveau économique je ne pense pas que ce soit sain de mélanger prise en charge du handicap avec création de valeur ajoutée, ce n’est pas le but.

 

  1. Quel impact voudriez-vous que Roulettes & Voyages produise (moralité, société…) ?
    Le développement de l’accessibilité dans le monde du tourisme, cela pourrait produire un effet gagnant-gagnant en permettant à la fois aux personnes à mobilité réduite de partir plus souvent en vacances et aux professionnels d’accroître et de diversifier leur clientèle.
    Plus important, la reconnaissance des personnes à mobilité réduite par la société passe par la visibilité, si cela permet de l’augmenter cela serait une bonne chose afin d’éliminer les préjugés voire la peur du handicap.

 

  1. Quel message aimeriez-vous que les gens retirent de cette association ?
    Que les PMR ont leur place dans la société et non en marge.

 

  1. Avez-vous une idée des différents obstacles que pourrait rencontrer l’association ?
    Il y en a deux principaux, tout d’abord les obstacles financiers, cela coûte cher de permettre l’accessibilité de certains bâtiments aux personnes à mobilité réduite, particulièrement les lieux anciens.
    Deuxièmement il y a le regard des gens, il y a souvent de la peur voir même du dégoût face au handicap. Les personnes à mobilité réduite ne sont pas un groupe homogène, il y a des personnes autonomes ayant simplement une difficulté de mobilité à un degré plus ou moins important mais aussi un grand nombre de personnes à mobilité réduite ayant un handicap plus important. Il m’est arrivé d’accompagner des personnes à mobilité réduite à la piscine et de voir les gens s’éloigner à la seconde où nous entrions dans le bassin.

 

  1. Quels sont selon vous, les facteurs clés de succès d’une association comme Roulettes & Voyages ?
    Les partenariats, le tissu associatif est important dans le domaine de la mobilité, les grandes associations régionales accompagnent des personnes à mobilité réduite en vacances depuis des dizaines d’années et ce ne sont pas les seules. J’ai moi même été embauché par le comité d’EDF afin d’accompagner des PMR en séjours.

 

  1. Si vous deviez donner un conseil aux membres de l’association, ce serait quoi ?
    De multiplier les partenariats avec à la fois avec les associations de prise en charge du handicap et avec les professionnels du tourisme afin de garantir des parcours adaptés.
    L’ADAPEI essaie de permettre à chaque résidents de partir en vacances au moins une fois par an et héberge plusieurs centaines de personnes à travers toute l’Alsace.
    Si cela n’est pas déjà le cas, je regarderai dans cette direction.

 

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